Photo : Rue Saint-Laurent, au carrefour de l’avenue des Pins, 1904.
À partir de la fin du XIXe siècle, le complexe Baxter (3608-3712) et l’édifice de la quincaillerie Larivière (3715) amorcent ce qui se voulait un prestigieux centre de commerces sur la rue Saint-Laurent, entre la rue Milton et l’avenue des Pins. En effet, à partir de 1888, la rue Saint-Laurent est progressivement élargi du côté ouest, en particulier pour y faire passer le nouveau tramway électrique (1893) dont on aperçoit les rails sur la photo. Les nouvelles constructions qu’on y érige modifient radicalement la physionomie de la rue en effaçant définitivement le paysage de villas bourgeoises, de jardins et vergers et de petites maisons de faubourg dont on peut voir encore quelques exemples au centre de la photo.
Le Baxter Block, à droite de la photo, est construit sur l’emplacement du jardin de Durham House, l’ancienne villa de l’entrepreneur feu Stanley Bagg transformée en école privée, juste au sud de l’ancien Jardin Guilbault, un populaire parc d’attractions fermé en 1869. Le Baxter Block, une terrace house néo-romane à façade de pierre, est dessinée par l’architecte Théodore Daoust en 1893 pour l’homme d’affaires James Baxter, courtier en diamants et banquier. Il est composé de 27 magasins groupés en quatre ensembles construits entre 1894 et 1896, certains à trois étages et d’autres à deux. On le reconnaît à sa façade principale décorée d’arches, de parements de céramiques et ses fenêtres centrales en saillie. À l’origine, ces édifices sont couronnés de clochetons bulbeux, de tourelles, d’échauguettes et de fleurons fantaisistes malheureusement disparus aujourd’hui. Leurs rez-de-chaussée accueillent des boutiques et les étages des bureaux et des manufactures. (Son voisin du sud, l’édifice Préfontaine (1890), occupe l’emplacement à l’angle nord-ouest de la rue Prince-Arthur.)
En face, à gauche sur la photo, la compagnie Amiot, Lecourt et Larivière, une grande quincaillerie, fait construire en 1895 un autre édifice de prestige selon les plans de l’architecte Joseph Perreault. Le rez-de-chaussée servait à des fins d’exposition et de vente et les étages étaient utilisés à des fins d’administration et d’entreposage. Par son caractère monumental et l’élégance de sa composition, l’édifice, lui aussi de style néo-roman, affirme avec force la présence de la compagnie sur la rue Saint-Laurent dont le prestige commercial se traduit par l’appellation de boulevard à partir de 1905.
Cette photo est affichée sur toute la surface de la vitrine du 3660-3662 boulevard Saint-Laurent dans le cadre du projet « La Main en histoire(s) », une collaboration entre les Amis du boulevard Saint-Laurent et la Société de développement du boulevard Saint-Laurent, 2020-2021.
(Texte par Bernard Vallée – Révision : Justin Bur)
Une réponse sur « Bonne année 2022 »
Merci pour ce fascinant survol temporel
Une vue du même secteur en 1952
https://www.flickr.com/photos/urbexplo/4369187782/sizes/l/